Effets de Nescafé et Coca-Cola sur la grossesse : que dit la science ?

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Femme enceinte assise à la cuisine avec tasse et soda

200 mg : ce chiffre, précis et implacable, s’impose à toutes les femmes enceintes dès leur premier rendez-vous. La limite de caféine quotidienne ne laisse pas place à l’improvisation, mais la réalité, elle, est bien plus nuancée. Entre les tasses de Nescafé et les gorgées de Coca-Cola, la frontière est mince, et les repères parfois trompeurs.

Des études récentes révèlent que même en respectant les limites officielles, les risques ne disparaissent pas totalement. Une consommation régulière de caféine, même modérée, s’accompagne d’une augmentation de certaines complications. Quant à l’application stricte de ces recommandations, elle s’avère plus complexe qu’il n’y paraît, tant les habitudes de consommation varient d’une femme à l’autre.

Caféine et sucre : que trouve-t-on vraiment dans Nescafé et Coca-Cola ?

Derrière la popularité de Nescafé et Coca-Cola, un point commun saute aux yeux : la caféine. Cette substance, recherchée pour ses effets stimulants, se retrouve dans le café instantané comme dans la plupart des sodas à base de cola. Pour une tasse de Nescafé, on compte généralement entre 60 et 80 mg de caféine. Côté Coca-Cola, une canette de 330 ml apporte 32 mg de caféine, qu’il s’agisse de la version classique, light ou zéro.

Impossible de passer à côté du sucre : une canette de Coca-Cola classique, c’est environ 35 g, soit sept morceaux. Les versions light et zéro remplacent ce sucre par des édulcorants comme l’aspartame et l’acésulfame-K, autorisés pendant la grossesse tant qu’on ne dépasse pas les apports journaliers recommandés. Le Nescafé, de son côté, ne contient pas de sucre ajouté, sauf si l’on opte pour une version aromatisée ou sucrée.

La composition du Coca-Cola ne s’arrête pas là. On y trouve aussi du colorant E150d, responsable de la coloration caramel, et de l’acide phosphorique, qui acidifie la boisson. Ces additifs, bien qu’autorisés, sont régulièrement discutés dans la littérature scientifique, particulièrement lorsqu’il s’agit de femmes enceintes. Les versions allégées, elles, limitent la quantité de sucre mais exposent à une consommation cumulée d’édulcorants.

Voici les principaux composants à surveiller dans ces boissons :

  • Coca-Cola : caféine, sucre, colorant E150d, acide phosphorique, édulcorants (pour les versions light et zéro)
  • Nescafé : caféine, parfois du sucre selon la variante choisie

Se pencher sur la composition détaillée de ces boissons permet de mieux cerner leurs impacts potentiels sur la grossesse. L’accumulation de substances, en particulier lorsqu’on les consomme régulièrement, peut entraîner des effets inattendus.

Quels sont les effets de ces boissons sur la grossesse selon les études scientifiques ?

Un fait fait consensus parmi les chercheurs : la caféine traverse le placenta sans difficulté. Le fœtus, qui ne dispose pas encore des enzymes nécessaires pour l’éliminer, y reste exposé plus longtemps que sa mère. Plusieurs études établissent un lien entre une consommation importante de caféine, qu’elle provienne du Nescafé, du Coca-Cola ou d’autres boissons, et un risque accru de fausse couche, de faible poids de naissance ou de retard de croissance intra-utérin. Les professionnels de santé recommandent ainsi de ne pas dépasser 200 mg de caféine par jour au cours de la grossesse.

Le sucre des sodas, en particulier du Coca-Cola classique, n’est pas à sous-estimer. Un apport élevé favorise la prise de poids et le diabète gestationnel, avec à la clé des complications pour la mère et l’enfant, comme un poids de naissance élevé, de l’hypertension ou une prééclampsie.

Quant aux versions light et zéro, l’aspartame et l’acésulfame-K sont acceptés dans les limites définies par les autorités sanitaires. Si l’acésulfame-K ne suscite pas de crainte aux doses habituelles, certains travaux pointent l’aspartame du doigt : à forte dose, il pourrait augmenter le risque d’accouchement prématuré. Du côté du colorant E150d et de l’acide phosphorique, les débats se poursuivent : le premier pourrait présenter une toxicité à haute dose, le second augmenterait le risque de troubles digestifs ou de calculs rénaux en cas de consommation répétée.

Il arrive que des femmes enceintes trouvent un soulagement temporaire à leurs nausées grâce à du Coca-Cola dégazéifié. Ce recours, largement anecdotique, ne fait cependant pas oublier les risques métaboliques d’une consommation régulière.

Grossesse et consommation : quels risques concrets pour la future maman et le bébé ?

Boire du café ou des sodas contenant de la caféine pendant la grossesse n’est jamais anodin. La molécule franchit le placenta sans filtre, exposant le fœtus à des niveaux parfois supérieurs à ceux de la mère. Dès que l’apport quotidien dépasse 200 mg, soit environ deux tasses de café instantané ou un litre de cola, le risque de fausse couche, de faible poids de naissance ou de retard de croissance intra-utérin grimpe significativement, selon plusieurs études.

Le sucre appelle aussi la prudence. Un excès, via les sodas notamment, favorise la prise de poids pendant la grossesse et augmente la probabilité d’un diabète gestationnel. Cette situation peut entraîner une macrosomie fœtale (poids élevé à la naissance), des complications métaboliques chez l’enfant, ainsi qu’un risque plus élevé d’hypertension artérielle et de pré-éclampsie pour la mère.

Les variantes light et zéro misent sur des édulcorants comme l’aspartame ou l’acésulfame-K. Si l’acésulfame-K reste sans danger avéré aux doses habituelles en France, l’aspartame soulève des interrogations : plusieurs études pointent une possible hausse du risque de prématurité en cas de consommation excessive. Les additifs tels que le colorant E150d et l’acide phosphorique, présents dans le Coca-Cola, ajoutent à l’incertitude. À forte dose, ils pourraient provoquer des troubles digestifs ou favoriser les calculs rénaux.

Dans ce contexte, il est judicieux d’adopter la modération, tant pour le café que pour les sodas, afin de limiter les impacts potentiels sur la santé de la mère et du futur enfant.

Médecin expliquant un diagramme de grossesse en cabinet

Des alternatives plus sûres et des conseils pratiques pour vivre sa grossesse sereinement

L’eau reste le choix le plus sûr pour s’hydrater durant la grossesse. Naturelle, sans sucre ni caféine, elle protège de tous les effets indésirables associés au café instantané ou aux sodas sucrés. Les recommandations des autorités sanitaires, comme l’OMS et le CRAT, insistent sur la nécessité de rester sous la barre des 200 mg de caféine par jour, soit environ deux tasses de café filtre, ou trois de Nescafé. Les boissons énergisantes sont à éviter, en raison de leur forte concentration en caféine et en additifs.

Pour varier les plaisirs sans prendre de risque, voici quelques alternatives à privilégier :

  • Respecter la limite de caféine fixée par les experts internationaux.
  • Se tourner vers l’eau et les boissons naturelles, comme les eaux infusées maison (citron, menthe, concombre), les infusions sans théine ou les jus de fruits dilués.
  • Limiter sa consommation de sodas, qu’ils soient sucrés, light ou zéro.
  • Être vigilant avec les boissons énergisantes et les mélanges alcoolisés.

Les boissons nutritives comme le lait, les laits végétaux enrichis ou les soupes froides complètent l’hydratation. Il reste préférable d’éviter les boissons industrielles trop riches en sucre ou en édulcorants. Santé Canada, de son côté, considère que les édulcorants comme l’aspartame ou l’acésulfame-K ne posent pas de problème aux doses habituelles, à l’exception du cyclamate. Miser sur des alternatives maison, pauvres en sucre et sans additif controversé, permet de profiter de la grossesse sans inquiétude superflue.

Au fil des choix quotidiens, chaque verre compte. Entre prudence et plaisir, la trajectoire de la future maman s’écrit un geste à la fois, et ce sont ces petits réflexes qui dessinent, en coulisses, le premier chapitre de la vie à venir.